Rénover – restaurer – réhabiliter

La bonne stratégie pour votre maison ancienne
Richmond et les 5 communes qui l’entourent (Cleveland, Melbourne, Kingsbury, Ulverton et Durham Sud) sont – et de très loin – les secteurs patrimoniaux les plus riches de la MRC. Plus de 80% des 209 bâtiments répertoriés dans l’inventaire patrimonial de 2009 y sont présents. Voilà une richesse unique qui ravit les visiteurs et fait la fierté des citoyens. Pour leurs propriétaires, surtout les particuliers, c’est parfois un casse tête et un défi économique. Voici une petite clarification sur les principaux types d’intervention sur le patrimoine bâti, leur pertinences et limites.
Restaurer
C’est un terme plus utilisé par les architectes en charge de monuments historiques. On entend en effet plus rarement parler de restauration d’un édifice non classé, surtout chez un particulier. Dans la restauration on cherche à redonner au bâtiment son caractère d’origine.
De nos jours, plus l’aspect original n’est plus le but à atteindre. C’est l’histoire du bâtiment et son évolution (pour répondre au besoins des générations successives qui l’ont habité) qui est prise en compte dans le projet de restauration. Des recherches d’archives, des connaissances sur les matériaux d’époque, leur mise en oeuvre et sur les transformations successives du bâtiment sont nécessaires. Parce qu’on a recours à des techniques spécialisées et des matériaux traditionnels, le savoir faire d’un spécialiste, de la patience et un budget prévisionnel sont importants.
Rénover
C’est un peu un terme fourre-tout pour décrire des interventions se souciant peu du caractère patrimonial. Pas besoin d‘être très érudit en patrimoine pour constater que c’est le mode d’intervention dominant dans notre région. Les matériaux du marché (souvent industriels), le budget (surtout en cas de location), les besoins des occupants et les goûts du moments sont les critères de cette intervention. Si une certaine préservation physique du bâtiment est parfois assurée, sa valeur patrimoniale est diminuée et une banalité s’installe et efface peu à peu la distinction des ensembles patrimoniaux.. C’est aussi le mécanisme d’un cercle vicieux puisqu’un bâtiment même partiellement «rénové»le sera encore plus durement la fois suivante et perdra -peut-être pour toujours- son caractère patrimonial.
Réhabiliter
Cette démarche favorise les interventions respectueuses des principales caractéristiques et qualités du bâtiment afin de préserver son caractère patrimonial. Le volume, la fenestration, les éléments de style etc.. sont pris en compte dans le projet. Moins rigoureuse que la restauration, elle permet l’utilisation de matériaux approchant ceux de l’original et des modifications (distribution, isolation, équipements, annexes) qui permettent de l’adapter son usage actuel est aux besoins de son nouveau propriétaire.
Une bonne compréhension de l’architecture d’époque est nécessaire afin que le caractère du bâtiment soit préservé. Quand l’intervention est plus lourde (ajout de fenêtres, d’un garage, d’une terrasse, réaffectation d’usage), l’harmonisation avec la partie ancienne nécessite souvent une ressource experte (architecte) et l’aval des instances municipales (Urbaniste, CCU).
Menée à grande échelle, la réhabilitation permet de préserver la cohérence des ensembles architecturaux que constituent nos coeurs de villes et de villages.
Vers une politique de la réhabilitation ?
Parce qu’elle est réaliste sur le plan économique et de l’usage et qu’elle préserve l’essentiel du caractère de nos édifices patrimoniaux, la réhabilitation devrait être encouragée chaque fois qu’un projet est initié sur un édifice patrimonial. Un arsenal législatif (PIIA, RU) et des ressources humaines et financières (urbaniste, CCU, subventions municipales, associations) permettent de faire des progrès sensibles dans la préservation de nos trésors patrimoniaux. Mais trop souvent encore, l’absence de motivation et d’information, permet à des projets de rénovation de prendre place dans nos secteurs les plus sensibles.
Cette atteinte à notre héritage culturel est aussi une atteinte à notre potentiel de développement économique (tourisme, immobilier, image). C’est pourquoi «Le patrimoine, vecteur de prospérité économique» est le thème choisi par Héritage du Val-Saint-François en 2015 pour guider ses interventions sous la forme de concertations, conférences, ateliers et lors de notre événement annuel «Nos Maisons en héritage» de l’automne.
Restez branchés !
Laurent Frey
Héritage du Val-Saint-François