Préserver le patrimoine

Les petits gestes du quotidien
Cette fois, vous l’avez remarqué. Votre voisin a décidé d’isoler sa petite maison centenaire. Il choisit un isolant rigide extérieur qu’il protège par un déclin de vinyle. Depuis, chaque fois que vous passez devant sa maison, un sentiment diffus de malaise vous prend : quelque chose ne va pas….
L’harmonie parle à tout le monde
Vous aimiez mieux l’ancien déclin de bois. Bien sûr il était un peu fatigué, mais il vous semblait pimpant avec sa couleur bleu pâle.Rassurez-vous, vous êtes normal. La plupart des être humains possèdent, à des degrés divers, un sens inné de l’harmonie. Nos cinq sens nous permettent d’avoir avec le monde des interactions riches et variées. Nous les exerçons, dès notre plus jeune âge en découvrant notre environnement. L’univers familial puis la formation académique mais aussi toutes les expériences de la vie vont contribuer à développer notre sensibilité et notre goût. Les professionnels, eux, vont continuer à raffiner leur sensibilité, chacun dans son domaine. Le cuisinier développera sa connaissance des 5 saveurs, le peintre affinera sa maitrise des couleurs et des formes, tandis que le musicien explorera l’infinie richesse des sons. Tous vont développer leur capacité à composer, à développer des contrastes, des harmonies, des rythmes…
Ce qui les distingue de nous ce n’est pas leur meilleure vue ou leur ouïe particulière. C’est plutôt leur capacité à discerner ces nuances et à les nommer pour mieux les utiliser.
Apprendre à voir
Au quotidien nous pouvons, nous aussi, développer notre regard et notre capacité à décrire et apprécier notre environnement.
Le riche environnement urbain de Richmond, niché au fond de la vallée de la Saint-François est un terrain idéal pour s’exercer le regard. Pour beaucoup d’entre-nous il suffit de s’installer sur notre perron et de ralentir nos pensées.
Observez en tournant la tête, lentement. La lumière qui passe à travers les arbres, le soleil du matin sur la brique de la maison d’en face, les reflets argentés de la pelouse. Vous levez les yeux et vous appréciez le bord des toits victoriens, minces et élégants. L’ardoise a disparu, vous vous demandez depuis quand. Vous comparez à la maison voisine. Est-ce plus beau ? Croyez en votre sentiment intérieur. Préférez-vous la tôle ? Comment vous sentez-vous face à ce que vous voyez ? Un petit malaise vous atteint ? Vous vous souvenez que la galerie de votre voisin avait des colonnades en bois. Vous n’aimez pas ces petits poteaux minces qui les ont remplacé.
Un autre jour vous remontez l’avenue de Melbourne nord et vous voyez, comme pour la première fois, cette enfilade de toits d’ardoise. Vous n’aviez jamais remarqué cette richesse dans les motifs. La sensation est bonne.
Continuez ainsi, allez au bord de la rivière, entrez dans les églises, marchez dans des rues inconnues…Richmond vous appartient !
Nommer les choses pour mieux les voir
Bravo, vous laissez maintenant cette sensibilité grandir en vous. Mais il vous semble parfois que les mots vous manquent pour décrire vos observations. Là aussi vous n’êtes pas les seuls.
En mars dernier, à la demande de Ali Ayachi urbaniste de la ville de Richmond et des membres du Comité consultatif d’Urbanisme (CCU), une formation d’une demi journée a été donnée par deux membres d’Héritage du Val-Saint-François* ( Laurent Frey et Annie Vincent).
Son but : apprendre à décrire l’architecture patrimoniale et appliquer ces connaissances dans l’évaluation des projets soumis à la ville. La session d’une matinée s’est conclue par une application directe à deux demandes de permis.
S’ils veulent prendre part à l’évolution de leur ville, citoyens et élus doivent donc se sensibiliser à sa réalité physique et lui apporter peu à peu leur attention!
La belle saison est là, alors bonnes découvertes !
Laurent Frey
Héritage du Val-Saint-François